Soja : aliment magique ? entre mythe et réalité

8 août 2022

Soja : aliment magique ? entre mythes et réalité

On entend beaucoup de choses sur le soja. Pour certains, il serait la solution d’une alimentation plus végétale, donc plus durable. Pour d’autres, le soja serait au contraire l’une des causes majeures de déforestation.

Mais du coup, qui croire ?

On se propose ici, de faire une revue critique des grands clichés pour essayer de démêler le vrai du faux. Bon et en passant, on ne fait pas le titre sensationnel et putaclic, puisque la réalité est rarement toute blanche ou toute noire. En effet, les impacts dépendent énormément de l’origine géographique : généraliser est donc difficile mais surtout dangereux (car pas en phase avec la réalité).

 

On mange du soja depuis la nuit des temps

C’est presque vrai !

Soja : aliment magique ? Dans l’imaginaire commun, le soja serait consommé depuis la nuit des temps en Asie. En réalité, la culture on trouve effectivement des traces de sa cultures datant de 4000 à 3000 an avant notre ère. En revanche, la consommation régulière de soja ne remonterait seulement qu’à 900 ans avant J-C, soit « hier » par rapport aux débuts de l’agriculture, il y a 11 000 ans. À la fin des années 90, on assiste à un très forte hause de la consommation avec engouement international pour les gastronomies asiatiques mais aussi et surtout l’augmentation de l’alimentation ultra transformée, gourmande en huile de soja.

Il y a également une grande différence entre les variétés de soja cultivées à l’Antiquité et celles ultra-productive que l’on retrouve aujourd’hui. Sans parler de la qualité et des différents degrés d’ultra-transformation des produits actuels.

Pour aller plus loin sur l’huile de soja, consultez notre article dédié.

La consommation massive de soja est ainsi très récente et ses conséquence sur la santé sont encore méconnues.

 

 

 Le soja est responsable de déforestation

Pas tous !

Malheureusement, ce n’est que trop vrai. La production de soja est l’une des principales cause de déforestation, en particulier dans les forêts d’Amérique du Sud. Bien que le soja soit originaire d’Asie, c’est principalement aux États-Unis au Brésil et en Argentine qu’est concentrée sa production aujourd’hui.

100 000 hectares par an de végétation naturelle disparaissent en fumée au Brésil pour la culture du soja soit à titre d’exemple environ 70 000 stades de France.

On rase donc la forêt primaire pour planter des monocultures de soja transgéniques imbibées de pesticides de synthèse (oui, on grossit le trait, un peu seulement).

Il faut toutefois noter que le soja européen et surtout français, est cultivé avec beaucoup plus de respect pour l’environnement et n’est en rien responsable de déforestation. Il permet même de diversifier les productions agricoles et d’enrichir naturellement les sols en azote.

Donc non, le tofu n’est PAS responsable de déforestation, à partir du moment où le soja dont il est issu provient bien de France ou même d’Europe. 

 

La majorité du soja est destinée à l’alimentation animale

À voir !

Alors oui, mais non : il faut faire attention aux raccourcis !

On peut lire sur internet que 70% des productions de soja serviraient à nourrir les animaux d’élevage. Et donc, que l’élevage serait majoritairement responsable de la déforestation en Amérique du Sud. Sauf qu’en réalité, il n’y a pas un soja pour l’Homme et un soja pour les animaux : la même graine de soja peut servir aux deux :

  • On va triturer cette graine pour récupérer l’huile de soja, très utilisée dans l’industrie agroalimentaire (2ème huile la plus produite après la palme)
  • Le « tourteau », la partie sèche est le sous-produit qui est ensuite valorisé en alimentation animale.

Bien entendu, la question de réduction de l’élevage se pose mais c’est également notre propre consommation de produits transformés qu’il faut diminuer.

Dans tous les cas, il important d’avoir en tête les ordres de grandeur. En simplifiant, une vache de 800 kg est nourrie avec près de 80 kg de nourriture par jour, dont près de 2 kg pouvant être du tourteau de soja dans cette ration quotidienne. En face, le un pavé de tofu de 200 g reste donc très négligeable. On déforeste plus à manger une viande sans traçabilité des modes d’élevage et production plutôt que du tofu. 

 

Le soja est dangereux pour la santé

À nuancer !

Consommé en excès, le soja peut diminuer l’absorption intestinale de minéraux, notamment le fer dans notre organisme.

On peut également s’inquiéter des « isoflavones », des phyto-œstrogènes produits la plante pour limiter la reproduction de leurs prédateurs. Dans notre organisme, ces hormones pourraient agir comme des substances féminisantes et responsables de perturbations endocriniennes. Malgré un manque de consensus de la communauté scientifique, de nombreuses études convergent vers des alertes pour notre santé.

Chez la femme, les isoflavones pourraient augmenter le risque de cancers et causer une perturbation des hormones avant la ménopause (baisse de LH et FSH). Chez l’adulte en général, ils empêcheraient le bon fonctionnement de la thyroïde (avec apparition d’un goitre).

Traditionnellement en Asie, on fait tremper les graines de soja longuement avant de les bouillir pour enfin les consommer, ce qui diminue les concentrations en isoflavones. Ce n’est pas toujours le cas avec les produits industriels qui peuvent même « enrichir » leurs produits en de nombreux dérivés du soja : protéine crackée, huile, lécithines, etc. 

Les autorités sanitaires confirment qu’une consommation occasionnelle d’aliments à base de soja ne semble pas poser de problème, à l’exception des jeunes enfants, des préadolescents et des femmes enceintes.

 

Le soja, une alternative durable à la viande !

Oui et non !

Tout dépend d’où viennent ton soja et ton steak. Si tu pars sur un steak de tofu issu de soja français (et en plus bio), le bilan environnemental sera largement défavorable au steak de bœuf (même si élevage vertueux extensif).

Le problème, c’est que bien (trop) souvent, le soja de nos steaks végé peut provenir de l’autre bout du monde. Par exemple, des États-Unis où on utilise un soja rendu génétiquement tolérant aux herbicides. Ce qui veut dire, qu’on peut balancer encore plus de pesticides sur les parcelles : pas top pour la planète, ni pour la santé du consommateur ou du producteur !

Sans parler de la monoculture intensive qui appauvrit les sols ! (vaste sujet qui sera abordé dans un article dédié lors d’une comparaison steak végétal / steak carné).

Consommer du soja, c’est un acte engagé éthique

ça dépend !

Si tu as bien lu, tu auras compris qu’il est difficile de donner une réponse rapide sur un sujet aussi complexe.

Le soja américain (états-unien, brésilien ou argentin) est associé à des monocultures détruisant les espaces naturels. On va ainsi réduire les habitats naturels de beaucoup d’espèces mais également diminuer l’autonomie alimentaire des populations locales.

Oui, su tu plantes que du soja partout, tu n’as plus de place pour faire pousser des cultures vivrières pour nourrir ta population.

Le mieux est donc de consommer un soja cultivé au plus proche et si possible certifié durable

On a en plus une bonne concentration de protéines (entre 10 et 15 % pour un tofu en moyenne) avec des scores élevés de digestibilité (DIAAS), ce qui indique que les acides aminés du soja dont globalement bien absorbés par notre corps. Toujours moins que la viande ou les œufs, il est vrai. Cela veut dire qu’il faut varier son apport en protéines.

 

Soja : aliment magique ? entre mythe et réalité

Attention aux infos trouvées sur Internet (même des ONG reconnues peuvent avoir des intérêts cachés) et mêmes nos propres infos qui peuvent toujours être chalengées et vérifiées.

Nos conseils

  • Non, cet article ne fait pas la promotion de la viande. Au contraire, il faut réduire l’élevage au global pour lutter contre le dérèglement climatique
  • Le soja reste une source végétale de protéines de très bonne qualité et faible en graisse
  • Le « tout soja » n’est aujourd’hui pas une solution ni durable ni souhaitable pour une alimentation plus végétale
  • Il existe encore beaucoup de zones flou sur les conséquences de la consommation de soja sur la santé
  • Sur la partie santé et nutrition, le mieux serait de diversifier le plus possible les sources de protéines végétales : soja, pois, haricots etc…
  • Sur l’axe environnemental, le mieux c’est de choisir un soja français et (bio) pour être certain de faire un choix plus durable qu’un steak de viande.

Méthodologie outil ScanNutsConsultez l’ensemble des sources utilisées 

 

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