Huile de noix coco : tout savoir en 2 minutes

8 mars 2019

LL’huile de noix de coco

IN NUTS WE TRUST s’intéresse aujourd’hui à l’huile de noix de coco. Nous traiterons dans cet article exclusivement de l’huile de noix de coco. En effet, l’huile de coprah, produite également à partir du même fruit fera l’objet d’un article dédié.
Notre objectif est toujours le même : « vous responsabiliser sur vos choix de consommation ». C’est pourquoi, nous dressons ci-après le portrait de cette huile à partir d’éléments pertinents et objectifs.

Définition

On commence par du simple et basique. La noix de coco est un fruit issu du cocotier, représentant de la famille des palmiers. Certaines noix peuvent mesurer jusqu’à 30 centimètres de diamètres. Le fruit est lisse et vert ou orange lorsqu’il n’est pas mûr. Il est recouvert d’une couche de fibres « ligneuses » entourant la noix composée d’une solide coque qui protège une amande blanchâtre comestible. Vous savez, cette amande, blanche et pure comme la neige !

L’huile végétale alimentaire est extraite de l‘albumen frais de la noix de coco. L’albumen est une sorte de tissu de réserves nutritives de la graine chez les angiospermes (plantes à fleur). Des angiospermes ? mais si, souvenez-vous de la fabuleuse aventure des plantes à fleur dans https://innutswetrust.fr/histoire-de-alimentation/

Principaux usages

L’huile vierge de noix de coco est très utilisée pour les cuissons à hautes températures et/ou fritures, puisqu’elle contient beaucoup d’acides gras saturés. Elle est également utilisée dans la composition de savons, de produits cosmétiques et pharmaceutiques.

Un acide gras est un acide carboxylique à chaîne aliphatique. Pour faire simple, c’est une molécule comprenant un groupement d’atomes (carbone, hydroxyle, oxygène) dont les composés sont non-aromatiques (hydrocarbures).

Composition

L’huile vierge de noix de coco contient beaucoup d’acides gras saturés (85%) dont :

  • 40 à 50 % d’acide laurique : acide gras à chaîne moyenne, hypercholestérolémiant (participe à l’augmentation du taux de cholestérol sanguin)
  • 16 à 20% d’acide myristique : acide gras à chaîne moyenne, hypercholestérolémiant
  • 7% d’acide palmitique : acide gras très courant chez les plantes et animaux (dans les laits maternels)
  • 6% d’acide caprique : acide présent également dans le lait de divers mammifères dont les chèvres (d’où son nom)
  • 5% d’acide caprylique : acide gras à chaîne linéaire

Elle contient également des acides gras mono-insaturés dont :

  • 5 à 8% d’acide oléique : il s’agit d’un des acides gras les plus abondants dans la nature (Oméga 9)

Enfin, elle contient des acides gras poly-insaturés à savoir :

  • 1 à 3% d’acide linoléique (Oméga 6) et acide alpha linoléique (Oméga 3)

Notons que l’huile de coco contient aussi de la vitamine E (très présente dans les huiles végétales) et de la provitamine A (bêta carotène) transformée par notre organisme en vitamine A.

Production

L’Indonésie, les Philippines, l’Inde et le Brésil sont les principaux pays producteurs au monde de noix de coco, soit 70% de la production mondiale.
L’huile de noix de coco s’obtient par un pressage à froid de l’amande de la coco fraîche. L’huile obtenue est ensuite filtrée pour être purifiée (sans résidus de chaire de coco).

Près de 3,3 millions de tonnes par an d’huile de noix de coco et de coprah est produite (FAO, Statistics, 2014). L’Indonésie représente 62% des exportations mondiales d’huile de coco devant les Philippines, l’Inde et le Brésil (UNCTAD, 2014).

Huile de coco, une bonne idée ?

Il y a toujours un fossé entre « ce qu’on entend » et la réalité. Dans le conscient collectif, la noix de coco est belle, blanche (pure) et fraîche. Il est donc légitime de se poser la question suivante : « est-ce que son produit dérivé, l’huile de noix de coco est un produit sain ? sur quel(s) plan(s) ? »

Alertes sanitaires – Secteur alimentaire

Comme évoqué précédemment, l’huile est très riche en acides gras saturés (80 à 90%) et participe donc à l’augmentation du risque du taux de cholestérol (Low Density Lipoprotein – LDL).
Les « LDL », sont des lipoprotéines de basse densité qui ont pour fonction de transporter le cholestérol dans le sang en direction des cellules (pour faire simple). D’ailleurs en 2017, l’ANSES recommande un apport d’acide gras saturés à moins de 12% dans la ration alimentaire journalière.

On note cependant que les acides gras sont mieux assimilés par l’organisme car disponibles plus rapidement dans le circuit sanguin (Pr Legrand, Agrocampus, Inra, 2018). Les acides gras saturés sont aussi utilisés dans le traitement de l’épilepsie, d’Alzheimer et dans certains types de cancers (« Alzheimer, et s’il y avait un traitement ? », Dr Serrand).

L’huile contient également des agents antibactériens qui aident à la lutte des infections intestinales (Association française des diététiciens et nutritionnistes, AFDN, 2015).

L’huile de coco est très stable face à l’oxydation d’où son utilisation massive dans les préparations cuites à de fortes températures (friture par exemple) ou mélange d’huiles végétales, margarines. En revanche, son apport nutritionnel est relativement faible puisqu’elle est presque dépourvue de composants vitaminiques et contient peu de vitamine E (antioxydante) avec une concentration de 0,29 mg/100 g contre 45,8 mg/100 g dans l’huile de colza par exemple.

Alertes sanitaires – Secteur cosmétique

Certains dérivés de la noix de coco, notamment des tensioactifs (agent de surface qui modifie la tension superficielle, phénomène physico-chimique entre deux surfaces) sont à l’origine d’irritations :

  • Le Sodium Lauryl Sulfate (SLS) : présent sous différents formes dans les dentifrices, shampoings, mousses à raser à titre d’exemple (Safety Data Sheets, University of Maryland, 2017)

Alertes environnementales

Les cultures de noix de coco sont largement pointées du doigt et aujourd’hui, on note une forte alerte sociétale en ce sens. Cette alerte a un lien direct avec la demande croissante des consommateurs des produits dérivés de la noix de coco, demande étant corrélée à l’image positive (saine pour la santé) de l’ensemble de ces produits. Cette demande joue un rôle très important sur le plan environnemental à savoir :

  • Très forte augmentation et intensification des cocoteraies (plantation de cocotiers) dans le monde sous le poids d’une demande croissante des consommateurs. La production mondiale a été multipliée par 2,5 en 50 ans (FAO, 2013)
  • Cette intensification des cultures de noix de coco est directement corrélée aux demandes des consommateurs mais aussi aux contraintes climatiques (sécheresse, tempêtes) et aux maladies. En effet, 1,9 milliards de noix de coco produites au Brésil en 2015 contre moins d’un milliard, 20 ans plus tôt (IBGE, 2016).
  • Cas de travail illégal d’enfants dans les plantations et utilisation de singes dressés en Thaïlande pour cueillir les noix de coco avec une productivité de 1000 noix/jour (CIRAD, 2011)
  • Les plantations de cocotiers affectent la biodiversité. 20 espèces seraient menacées par millions de tonnes d’huile de coco produits, contre « seulement » 3,8 pour le palme ou 4,1 pour l’olive.
  • Les itinéraires techniques des cocoteraies conventionnelles commencent à être décriés par la société civile, au même titre que ceux des palmeraies (Oléagineux, Corps Gras, Lipides ; 2000). Des associations environnementales appellent ainsi à boycotter des produits issus de ces exploitations intensives, en favorisant des agricultures labellisées BIO ou éthique (WWF, 2016)

Certaines associations de consommateurs jugent l’ajout d’huile végétale de noix de coco (sous forme « coco nucifera oil » ou « lauryl glucoside ») comme un gage de qualité sanitaire et environnementale. Dans le guide des cosmétiques sains et sûrs publiés par 60 Millions de consommateurs en 2017, l’huile de noix de coco fait partie des ingrédients sûrs (non allergisant, non irritant, non cancérogène, non polluant).

La réglementation

L’utilisation d’huiles végétales à acides gras saturés et très décriée, mais il n’existe pas de cadre réglementaire bien défini. Nous pouvons en revanche citer quelques exemples de réglementations :

  • Utilisations des huiles pertinentes par le règlement REACH (Annexe V, article 2) dans le cadre de produits cosmétiques et pour le volet industriel
  • Huile vierge/extra-vierge : elle garantie une huile de noix de coco non raffinée (donc non désodorisée) et extraite à froid (inférieur à 60 degrés), issue de la première extraction. L’huile extra-vierge peut signifier un taux d’acidité inférieur à 1% mais il n’y a pas de normes réglementaires « vierge » et « extra-vierge » en fonction des pays d’importation
  • Huile BIO : elle assure un respect du cahier des charges AB (France ou Europe), en particulier au niveau du respect des itinéraires techniques agricoles
  • Le « Sodium Lauryl Sulfate«  est très irritant et c’est le point de référence des contrôles de tolérance cutanée
  • Le « Laureth Sulfate«  est moins irritant mais très polluant d’où son interdiction également dans les cahiers des charges BIO
  • Le « Sodium Laureth Sulfosuccinante » est polluant mais autorisé par Ecocert/Cosmebio et interdit par le BDIH

L’utilisation de la noix de coco dans le domaine alimentaire est à dissocier de son utilisation dans le domaine de la cosmétique

Le BUZZ de la noix de coco : un produit « miracle »

  • Très forte appétence des consommateurs pour la noix de coco en général (eau de coco considérée comme l’eau des stars hollywoodienne – rachat de certains marques par des acteurs connus)
  • La noix de coco jouit d’une très bonne publicité, quelque soit le produit dérivé
  • L’huile de coco non raffinée apporte une saveur particulière et exotique aux préparations, saveur recherchée par les consommateurs
  • Dans le domaine de la cosmétique, l’huile/beurre de coco ont une très bonne notoriété (notamment dans la confection de savons et shampoings)
  • La communauté vegane porte également un grand intérêt pour l’huile de coco car c’est un très bon moyen de substitution des matières grasse animale : aussi bien sur le coté organoleptique que sur l’aspect texturant

Utilisation dans l’industrie agro-alimentaire

Son huile est principalement utilisée dans l’industrie agroalimentaire grâce à ses intérêts nutritionnels et technologiques. L’huile de coco vierge (non raffinée) est par définition un moyen de substitution aux graisses animales (comme le suif, la graisse de canard ou le beurre).

Il existe également d’autres alternatives à savoir :

  • Huile d’avocat
  • Huile d’olive (pour les cuissons douces exclusivement, sinon les acides gras sont détruits à haute température)
  • Beurre de cacao
  • Combinaisons de plusieurs huiles végétales avec des antioxydants et/ou épaississants
  • Fibres d’agrumes mentionnés par des industriels

Des marques utilisent ces alternatives dans leur gamme de produit :

  • Casino : recette avec combinaison d’huile de tournesol/beurre de cacao/huile de coco dans sa pâte à tartiner (saveur noisette)
  • Agrotec : recette de pâte à tartiner avec fibre d’agrume (agent de texture) à la place d’huile de palme ou de coprah
  • Findus : mise au point en 2009 d’un procédé de friture sur une base d’huiles de colza et tournesol à faibles températures pendant plus de temps que le procédé classique à l’huile hydrogénée ou partiellement hydrogénée (surgélation plus forte car l’huile de palme ou de coprah cristallise rapidement)

Utilisation dans l’industrie cosmétique

Dans le secteur cosmétique, l’huile de noix de coco a un bon profil dans la fabrication de savons de bonne dureté avec un pouvoir lavant et moussant optimal (en lien à la forte concentration d’acide laurique). Malgré tout, il existe de nombreuses alternatives :

  • L’huile de babassu et le beurre de tucuma (composition similaire)
  • Les beurres de cacao et de kokum, riches en acide stéarique peuvent également être des substances de substitution même si le pouvoir lavant et moindre
  • L’huile de jojoba

A défaut d’éliminer l’huile de coco, les industriels se placent sur l’option d’un approvisionnement en huile de coco équitable et/ou issu de l’agriculture BIO (The Body Shop, Lush , Naturado…)
Des acteurs de la cosmétiques se placent davantage sur les labels « palm-free » mais sont pro-actifs sur l’huile de coco également et utilisent des dérivés du blé, du colza ou du lantanus

Conclusion

Vous l’avez compris, l’huile de coco n’est pas nécessairement synonyme de « bonne pour la santé » ou de « healthy » (pour être à la mode). Elle constitue un substitut aux matières grasses animales certes, mais doit être utilisée de temps en temps exclusivement. En matière de consommation nous recommandons par conséquent de :

  • Choisir une huile vierge ou extra vierge, garantie d’une huile issue d’une première extraction, extraite à froid et non raffinée
  • Privilégier des produits au label BIO et/ou issus du commerce équitable
  • Préférer les huiles de tournesol, colza et olives, plus riches en acides gras insaturés et donc meilleur pour la santé
  • Dans le domaine de la cosmétique, privilégier les produits à base d’huile de coco

Maintenant, tu le sais ! IN NUTS WE TRUST

 

Sources:

  • Asian Pacific Coconut Community (APCC), 2018
  • Association française des diététiciens et nutritionnistes (AFDN), 2015
  • Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Les acides gras trans, 2016
  • Center for Disease Control and Prevention (CDC), 2009
  • Comptoir Français Interchimie. Fiche de données de sécurité. Huile de coprah raffinée, 2013
  • Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Revisited safe intake for 3-MCPD in vegetable oils, 2018
  • Eyres, L et al. Coconut oil consumption and cardiovascular risk factors in humans. Nutrition Reviews, 2016
  • Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), FAOSTAT, 2014
  • Gerbaud, P et al. La noix de coco. FruitTrop, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), 2011
  • Hardvard T.H. Chan. School of Public Health. Food Features. Coconut Oil, 2017
  • Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE), 2016
  • Institut nationale de rechercher scientifique (INRS). Huile de noix de coco, 2011
  • Oléagineux, Corps Gras, Lipides, Huile de coco, 2000
  • Morin, O et al. Huiles et corps gras végétaux. Oilseeds and fats, Crops and Lipids (OCL), 2012
  • Philippine Coconut Authority, 2019
  • Prades, A. Dossier Cocotier, CIRAD, 2018
  • Safety Data Sheets. University of Maryland, 2017
  • United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD). Nucleus of Change : Sustainable coconut (oil) production in the Philippines, 2017
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