L’arbre qui cache la forêt
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Plus d'informationsPodcast du 18/09/2020 : émission « La Vie en Bleu » sur France Bleu Hérault : la forêt
L’arbre qui cache la forêt : en Corrèze
Nous avons investi tous les deux dans les « arbres », devenant ainsi propriétaires forestiers. Nous avons désormais un total de 21 hectares cumulés d’un seul tenant sur nos deux propriétés soit pour donner un ordre d’idée, environ 30 terrains de football.
Les arbres sont des organismes, voire des écosystèmes très complexes. Il est donc important d’en prendre soin et d’inscrire notre démarche sylvicole en lien avec les enjeux de notre société moderne, conjuguant intérêts économiques, sociaux et environnementaux. C’est en tout cas notre conviction.
L’arbre qui cache la forêt : puits de carbone
Ils permettent de réduire le taux de gaz à effet de serre (GES) et participent à la lutte contre le réchauffement climatique. Ils sont ainsi désignés comme des puits de carbone, puisque sous l’action de la photosynthèse, les végétaux dotés de chlorophylle (parties vertes), captent et stockent le CO2 présent dans l’atmosphère. Le carbone est ainsi emprisonné pendant toute la vie de l’arbre, en particulier lors de sa phase de croissance. Ils ont en effet besoin de carbone pour se développer, absorbé à partir du CO2 atmosphérique (absorption de 3.67 grammes de CO2 atmosphérique pour produire 1 gramme de carbone).
Il est difficile d’estimer le stockage moyen de carbone par arbre car plusieurs facteurs sont à prendre compte : type d’essence, zone géographique, densité de peuplement, etc. Selon l’Office National des Forêts, en moyenne, un arbre d’une vingtaine d’années aura stocké tout au long de sa vie, près de 800 Kg de CO2, soit presque autant que ce qu’émet un aller/retour Paris-New-York en avion. D’une manière générale, 1 m3 de bois permettrait le stockage moyen de 1 tonne de CO2.
Dans nos régions tempérées, en moyenne un arbre de type résineux représente 2 à 3 m3 contre 3 à 4 m3 pour un feuillu.
L’arbre qui cache la forêt : producteurs d’oxygène
Producteurs d’oxygène, ils participent à l’amélioration de la qualité de l’air. Un arbre peut produire entre 20 et 150 kilos d’oxygène par an. Sachant qu’un humain a besoin de près de 700 grammes d’oxygène par jour, un arbre planté est équivalent à 4 mois d’oxygène.
L’arbre qui cache la forêt : gestionnaires d’espaces
Ils créent un microclimat favorable aux cultures. En effet, ils enrichissent et fertilisent naturellement le sol en automne (via la perte de feuilles ou d’aiguilles), apportant de la matière organique utilisable par les autres espèces végétales. L’association des arbres et des cultures sur les mêmes parcelles agricoles (une des composantes de l’agroforesterie) permet un gain de rendement pour le producteur de 30 à 60%. L’arbre offre ainsi à la culture un microclimat favorable.
Avec leurs racines profondes, les arbres améliorent la structuration des sols participant à leur préservation. L’enracinement permet aussi de faire remonter l’eau vers la surface en captant des nutriments dans le sol évitant à titre d’exemple, l’eutrophisation des berges.
Ce sont également des remparts naturels contre le vent, qui peut abîmer et parfois détruire certaines récoltes en plus d’être des éléments structurants de continuité paysagère et de lutte contre l’urbanisme massif.
L’arbre qui cache la forêt : ils favorisent la biodiversité
Refuges naturels de nombreuses espèces, ils abritent des insectes qui participent à la structuration du sol et des micro-organismes et décomposent la matière organique en éléments nutritifs. Les mammifères et oiseaux en font leur habitat et sont les garants du maintien de l’équilibre des écosystèmes et de la dissémination des graines, indispensable à la régénération des forêts. Ils fournissent en moyenne environ 2 à 3 abris (dans leurs branches, écorces, cavités etc…) par arbre. Ce sont par conséquent des mégalopoles d’écosystèmes, appelés dendro-microhabitats.
L’arbre qui cache la forêt : en quoi planter des arbres est-il bon pour la planète ?
Investir dans une forêt, c’est également investir dans sa bonne gestion et par conséquent, sa sauvegarde dans le temps. Selon le biologiste « Garett Hardin » et sa réflexion sur la Tragédie des biens communs : « une situation de libre accès à une ressource limitée mène inévitablement à sa surexploitation puis à sa disparition ».
Dans ce cadre là, s’opposer à toute propriété des forêts, c’est les abandonner à la merci de la loi du plus fort. Autrement dit, les bonnes âmes sont les bienvenues pour en prendre soin.
L’arbre qui cache la forêt : gérer durablement sa forêt ?
Réglementairement, il existe des organismes de certifications pour garantir la transparence et la traçabilité des pratiques des propriétaires forestiers sur leurs parcelles. Les certifications PEFC (Pan European Forest Council), FSC (Forest Stewardship Council) ou l’ISO 9001:2015 sont autant de garanties permettant d’assurer (entre autres) :
- la conservation de la biodiversité
- la non-utilisation d’engrais toxiques
- l’âge des arbres coupés
Au-delà des certifications, l’objectif pour un sylviculteur est d’obtenir des arbres de qualité et à haute valeur ajoutée le plus rapidement possible. En sylviculture, l’échelle de temps est relative puisque qu’un arbre ne pousse pas aussi vite qu’une salade. On résonne par conséquence sur le moyen et le long terme en calibrant des documents de gestion permettant d’avoir de la visibilité sur les opérations de travaux, les objectifs et la réglementation conjugués aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux de nos territoires. La qualité finale des peuplements dépendra donc de sa gestion au global, mais aussi de plusieurs autres facteurs :
- Prospection et étude de la future zone de boisement : pluviométrie, relief, qualité du sol, le but étant de choisir des essences adaptées à la station géographique
- Diminution du risque phytosanitaire en diversifiant les essences à l’échelle de la parcelle et/ou du peuplement global
- Démarche de continuité paysagère : par exemple recourir à l’agro-foresterie sur les deux premières décennies en conjuguant élevage ovins ou bovins sur des parcelles initialement en pâturage mais destinées à être reboisées.
- Qualité et fréquence des entretiens réalisés : taille de formation, élagage etc…
Notons que les sylviculteurs (propriétaires forestiers) travaillent avec des professionnels. Des documents de gestion permettent de centraliser, décrire et planifier l’ensemble des actions qui seront réalisées sur la plantation pendant toute la durée réglementaire du plan de gestion. C’est une sorte de « carnet de route » qui permet en fonction des attentes des propriétaires, de la conjoncture, ou encore des aléas climatiques, de mettre à jour le document et faire des ajustements dans le but de prendre les meilleurs décisions quant à la gestion durable du domaine forestier.
Par exemple, en ce qui concerne nos plantations de feuillus nous réalisons depuis deux étés, des élagages à 6 mètres de hauteur à partir d’une petite nacelle motorisée. Ce travail permet :
- Vérifier la santé des arbres sur les parcelles
- Couper les branches, les doubles têtes et les couronnes non essentielles à la croissance de l’arbre de manière à obtenir un tronc le plus droit possible et sans nœuds.
Sur nos parcelles de résineux, le travail pour l’instant consiste à réaliser un passage au gyrobroyeur entre les lignes de sapins pour éviter que la végétation « étouffe » les jeunes plants.
Ces travaux permettent aux arbres de grandirent dans de bonnes conditions. Aussi, les êtres vivants se nourrissent des branches coupées et profitent des abris de qualité dans des arbres en bonne santé.
L’arbre qui cache la forêt : pourquoi couper les arbres ?
Couper du bois n’est pas toujours synonyme de déforestation. Les arbres sur nos parcelles seront coupés à maturité pour ensuite être transformés en matériaux de construction ou par pour certaines finalités à haute valeur ajoutée (menuiserie, ébénisterie), la plupart de nos arbres étant des bois précieux. Intégré dans une charpente ou dans un bardage de maison, l’arbre commence sa seconde vie, tout en conservant le carbone stocké de son vivant.
Un arbre coupé est toujours remplacé. On coupe toujours pour replanter en variant les essences afin d’éviter les risques phytosanitaires et maximiser la diversité.
L’arbre qui cache la forêt : la forêt, un investissement ?
En restant tout à fait honnête et transparent, devenir propriétaire forestier est également un placement financier, permettant de :
- En fonction du nombre d’hectares détenus et de la composition du parcellaire (morcellement des parcelles cadastrales ou unité parcellaire d’un seul tenant), le propriétaire peut placer son domaine sous document de gestion auprès d’une coopérative forestière ou d’un cabinet d’expert par exemple. En plus des certifications, ce document ouvre le droit à un crédit d’impôt en fonction des montants investis d’une année à l’autre.
- Obtenir des aides publiques et privées en fonction de son projet de boisement ou entretien
- Obtenir le produit de la vente de bois arrivé à maturité
Mais gérer une forêt, c’est également et surtout une manière d’investir dans une ressource réellement durable, de donner un sens à la nature qu’on souhaite façonner et surtout transmettre un patrimoine végétal conjuguant une approche environnementale, sociale et économique.
La forêt est un lieu de vie où les liens sociaux sont forts : pêche, chasse, cueilleur, randonneur, animaux, paysages. Elle permet donc de favoriser les interactions humaines avec la nature. Une forêt permet de former et d’éduquer les jeunes générations au respect de cette biodiversité.
Une forêt abrite et favorise la vie. En nous portant acquéreurs, nous nous engageons à être garant et protecteur de cette vie.
Sources :
- Infographie « la forêt française », 2020 : données de l’inventaire forestier IGN, juin 2018
Sacré travail ! C’est inspirant.
Bravo
Merci Romain 😉
Tu viendras nous aider un été si tu veux, ce sera l’occasion de nous ravitailler en collagène ^^